Exposition de John Francis : Rien n’est parfait 2012 à Barjols / Var

Evènement passé.

Du 18 mars au 1er avril 2012 à Barjols.

En 2001,John Francisquitte Montréal (Québec) pour s'installer à Barjols, dans une ancienne tannerie, « les perles ». Le projet lancé, avec huit artistes, ils convertissent les lieux en ateliers/habitations. Depuis 2008, artmandat y loge son siège social et ses espaces d'exposition. Exposés ça et là dans la grotte chez artmandat, des bac à douche, évier, lavabos, et soudain, un certain malaise s'installe lorsque nous réalisons que nous observons aussi un vieux wc sali.




Il y a quelque chose de répugnant, de dégoutant, mais c'est le dessin créé par les fissures qui devrait nous emporter vers une autre dimension, car par l'intervention de l'artiste, ces objets du quotidien sont maintenant des sculptures. Le côté utilitaire a complètement disparu pour devenir un « ready made » revisité. Une contradiction nous fait valser, hésiter, entre s'en éloigner et le désir d'oublier l'objet pour se laisser perdre, peut-être, pour aller là où les (nos) brisures de l'âme semblent inatteignables. En totale opposition, une « sculpture murale » cohabite dans l'espace.

Il agence des carreaux de céramique blancs, minutieusement cassés au préalable. Il utilise les accidents pour créer des formes géométriques raffinées, genre de mandala des temps modernes ou de circuit électronique. La froideur de la porcelaine blanche rehausse la poésie des tremblements des cassures, des erreurs de pressions. Paradoxalement il lui semble, grâce à la fissure, donner chair à l'idée de la forme parfaite. Dans ce travail de reconstruction, un défi pointe, celui de contrôler l'accident, le hasard.

John Francis réussit un tour de séduction et démontre encore une fois une grande sensibilité et un savoir faire exceptionnel. Bernard Muntaner a écrit dans le Journal-sous-Officiel (Septembre 2011) pour l'exposition Entre deux ...chaos à la Jean-François Meyer à Marseille [] Lorsque nous voyons le travail élargi de cet artiste, nous nous posons d'autres questions. Ces brisures et recollements se retrouvent aussi sur des bacs à douche, des bidets, des lavabos, et des carreaux de faïences qui recouvrent habituellement les lieux ou l'on trouve ces éléments sanitaires. Une constance : tous ces objets sont blancs. La couleur du propre, de l'hygiène, de l'immaculé.

Est-ce se mettre en face-à-face avec ce blanc anxiogène de la page blanche pour l'écrivain, de la toile pour le peintre ou du papier pour le dessinateur ? ce blanc qui semble porter en lui « l'interdit de salir, I'interdit de souiller ? ». C'est pourtant bien la fonction des éléments de la salle de bain d'enlever les souillures des « matières » étrangères ?

Il pourrait alors s'agir d'une problématique qui sous-tendrait une rencontre conflictuelle entre la souillure et la propreté, la salissure et son essuyage, en laissant paradoxalement comme un témoignage la trace de ces effets et de son action. Lorsque l'artiste coupe des carreaux de faïence blanche de façon orthogonale et qu'il lui oppose des brisures qui circulent entre ces lignes « rationnelles» comme autant de circonvolutions aléatoires de rhizomes, il fait entrer dans les interstices de ces « failles » une couleur noire qu'il essuie pour la faire pénétrer afin d'indiquer visuellement l'emplacement de la fissure, de la cassure. []

Exposition de John Francis : Rien n'est parfait
Du 18 mars au 1er avril de midi à 14h
les perles
19 rue Pierre Curie
83670 Barjols